
Ce projet a été financé par une subvention Rainbow de la Community One Foundation.
Cette ressource a été rendue disponible en français grâce à un partenariat avec Stepped Care Solutions.
La section Auto-défense des droits : agir pour répondre à vos besoins est disponible sous forme de fichier téléchargeable (PDF).
Cette ressource reflète nos expériences en tant que personnes 2SLGBTQ+ ayant accédé à des soutiens pour troubles alimentaires. Bien que le récit dominant, selon lequel les troubles alimentaires n’affecteraient que des adolescentes blanches, hétérosexuelles, cisgenres et issues de la classe moyenne, soit remis en question, cette croyance largement répandue a façonné nos expériences de soins. Elle influence la façon dont les médecins comprennent les troubles alimentaires, qui est perçu·e comme susceptible d’en souffrir, et qui peut accéder à des références pour du soutien ou des traitements. Ce récit dominant détermine comment le traitement est fourni et à qui. Elle dicte qui se sent à l’aise de partager son histoire et qui a la possibilité de le faire. Elle est présente dans les images de « rétablissement » que nous voyons sur les réseaux sociaux et dans les récits de « rétablissement » que nous lisons.
Le problème ne réside pas dans les individus qui ont raconté l’histoire de leur combat et de leur « rétablissement ». Cependant, lorsqu’on accède à des soutiens pour troubles alimentaires sans que les récits de rétablissement ne reflètent les expériences des personnes 2SLGBTQ+, on peut se demander si on peut se rétablir d’une chose dont on n’est même pas certain·e d’être atteint·e. Lorsque le traitement n’a pas été conçu pour nous et que l’on ne voit pas de professionnel·le·s de santé 2SLGBTQ+ dans le cadre des soins pour troubles alimentaires, on doit souvent s’éduquer et plaider pour soi-même.
Notre intention n’est pas de blâmer le système de santé tel qu’il est aujourd’hui. Nous reconnaissons et apprécions les efforts des nombreuses personnes qui font de leur mieux dans un système sous-financé. Cependant, nous appelons au changement. Nous souhaitons souligner qu’il ne suffit pas que les soutiens existants pour troubles alimentaires deviennent plus inclusifs envers les personnes 2SLGBTQ+. Il est nécessaire de remettre en question la manière dont ce système s’est construit et comment nous pouvons mieux faire. Nous devons nous demander qui d’autre est exclu des récits sur les troubles alimentaires et, par extension, des soutiens offerts.
Les soins et traitements pour troubles alimentaires ont été élaborés sur la base de recherches et de modèles thérapeutiques considérés comme des standards d’excellence. Toutefois, lorsque ces études excluent les personnes 2SLGBTQ+ ou toute personne en dehors de la norme de la jeunesse blanche, hétérosexuelle et cisgenre, nous ne fournissons pas de soins d’excellence pour tous·tes. De même, nous ne transmettons pas une éducation adéquate sur les troubles alimentaires.
Cette ressource n’a pas pour ambition de couvrir toutes les expériences, pratiques exemplaires ou lacunes dans les soins aux communautés 2SLGBTQ+. Nous reconnaissons que, dès que nous nommons quelque chose et identifions des expériences communes, certaines personnes et expériences en seront inévitablement exclues. Notre message principal est que chaque personne 2SLGBTQ+ a une expérience personnelle qui peut ou non ressembler à celle d’autres personnes 2SLGBTQ+. Si vous lisez cette ressource dans l’espoir de mieux soutenir un·e proche, un·e client·e ou un·e patient·e, le meilleur conseil que nous pouvons vous offrir est de rester ouvert·e à diverses expériences possibles et de croire la personne qui vous dit qu’elle est en difficulté, même si son expérience ne correspond pas à votre compréhension actuelle des troubles alimentaires.
Cette ressource a été créée en collaboration avec des membres de la communauté 2SLGBTQ+ ayant une expérience vécue des troubles alimentaires. Toutefois, nous reconnaissons que chacun·e est expert·e de sa propre expérience, qui pourrait ne pas être reflétée ici. Nous ne prétendons pas représenter toutes les expériences 2SLGBTQ+, mais seulement partager nos parcours avec vous.
Ces dernières années, le terme « queer » a été revendiqué comme un terme parapluie pour décrire une grande variété d’expériences et d’identités 2SLGBTQ+. Le terme « trouble alimentaire » désigne un diagnostic très précis pour un ensemble de troubles de santé mentale. Nous souhaitons nous éloigner de cette compréhension limitée des troubles alimentaires pour adopter une vision plus queer. Bien qu’un diagnostic puisse aider une personne à accéder à des traitements formels, ce n’est en aucun cas la seule façon d’aborder le rétablissement. Les critères diagnostiques des troubles alimentaires ont été critiqués pour leur incapacité à tenir compte des différences biologiques et pour leur conception basée sur des croyances occidentales et blanches sur la taille corporelle. Ils sont également critiqués pour favoriser un système où les soins ne sont offerts qu’après que les symptômes ont gravement affecté la vie et les objectifs d’une personne, au lieu d’intervenir plus tôt.
La psychiatrie et le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) ont été utilisés pour invalider les expériences naturelles et légitimes des personnes 2SLGBTQ+. Nous avons subi de la violence, été ignoré·e·s, discrédité·e·s et incompris·e·s. On nous a dit que nous étions anormal·e·s, et nous avons souvent été sur-pathologisé·e·s. Lorsque vous voyez le terme « trouble alimentaire » dans cette ressource, sachez que nous reconnaissons que les expériences avec le système médical varient, allant d’utiles à violentes.
« Le langage est dynamique, évoluant et changeant avec le temps. Ces définitions ne doivent pas être comprises comme exhaustives, absolues, exactes ou figées. Pensez à ces définitions comme des approximations qui peuvent être utilisées différemment par diverses personnes et communautés. Ce glossaire est un point de départ ; de nombreux autres termes existent. Certains sont spécifiques à des cultures diasporiques et aux communautés autochtones au Canada, ainsi qu’à des termes couramment utilisés en dehors du Canada que nous n’avons pas inclus ici. Il est essentiel de respecter comment une personne s’identifie et d’utiliser le langage qu’elle emploie pour se décrire. »(via le 2SLGBTQ+ Language Card développé par Re:searching for 2SLGBTA+ Health)
Informations sur les personnes 2SLGBTQ+ et les troubles alimentaires
Informations pour aider avec les expériences de santé et pour les professionnel·le·s de la santé
Prendre soin de soi
Pour les parents et partenaires de soins
Pour les écoles et les jeunes
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Au Canada, on estime qu’entre 1 et 2,7 millions de personnes répondent aux critères diagnostiques des troubles alimentaires (Statistique Canada, 2018 ; Arcelus, Mitchell et Wales, 2011). Historiquement, on croyait que seules les jeunes femmes blanches cisgenres étaient touchées par ces troubles. Cependant, la recherche a prouvé que n’importe qui, quel que soit son âge, sa taille, sa classe sociale, son genre, sa race ou son orientation sexuelle, peut vivre un trouble de l’alimentation. Malgré cela, les traitements et soutiens offerts restent souvent ancrés dans une perspective blanche, hétéronormative et cisnormative, et les stéréotypes basés sur la taille du corps continuent d’être largement répandus.
Les personnes vivant dans des corps plus grands subissent de la discrimination dans plusieurs sphères de leur vie, y compris dans le traitement et le soutien des troubles alimentaires. Le capacitisme corporel peut être défini comme une « oppression basée sur la taille du corps » (Smith, 2019, 61). Cette oppression, ainsi que la grossophobie – la peur et le rejet des personnes grosses et la stigmatisation des individus ayant des corps plus grands – sont omniprésentes, de nos médias à notre système de soins de santé. Selon la Dre Deb Burgard, spécialiste des troubles alimentaires, « Nous prescrivons aux personnes grosses les mêmes comportements que nous diagnostiquons et traitons chez les personnes minces » (Chastain, 2020).
En tant que personne ayant commencé mon parcours avec un trouble alimentaire dans un corps plus grand, et y vivant toujours, ces propos résonnent en moi. En repensant à mon expérience, je me rappelle avoir été félicité·e pour ma perte de poids, sans qu’on se préoccupe de la manière dont je l’avais obtenue ou des combats que je traversais. Mon corps qui rétrécissait était perçu positivement, occultant la souffrance qui augmentait chaque jour. Bien que ceci soit mon expérience personnelle, des études ont montré que « les médecins recommandent souvent une perte de poids aux patient·es gros·ses, alors qu’ils recommanderaient des examens d’imagerie, des analyses sanguines ou de la physiothérapie pour des patient·es de poids moyen » (Chrisler & McHugh, 2017).
Les personnes 2SLGBTQ+ font face à des expériences et à des stresseurs uniques qui augmentent la probabilité de développer un trouble alimentaire. Bien que la sensibilisation publique aux identités 2SLGBTQ+ ait augmenté au cours de la dernière décennie, le soutien au sein de la communauté des troubles alimentaires reste insuffisant. Les recherches antérieures ont souvent considéré la communauté 2SLGBTQ+ comme une entité homogène, créant une expérience commune « 2SLGBTQ+ ». Ce type de recherche omet les expériences et les perceptions de nombreuses voix. Chaque voix et expérience est unique, et il est crucial de reconnaître qu’il y a autant « d’expériences 2SLGBTQ+ » qu’il y a de personnes 2SLGBTQ+.
Certain·e·s choisissent de s’identifier à cette communauté, tandis que d’autres non. Certaines personnes sont ouvertement vocales sur leurs identités ou expériences, tandis que d’autres ne le sont pas. Il est important de se rappeler qu’être « ouvert·e et fier·e » est un privilège dans un monde qui tolère les différences sexuelles et de genre de manière inégale selon les personnes et les lieux.
Les personnes blanches queer et trans bénéficient grandement de la culture de la suprématie blanche (Okun, 2020). Cela signifie qu’elles ont généralement un meilleur accès aux ressources, y compris aux soins de santé physique et mentale. La nature des discriminations dirigées contre elles, dans ou en dehors des environnements de soins de santé, est souvent différente de celles que subissent les personnes noires, autochtones et/ou racisées.
Enfin, dans les sociétés valorisant le patriarcat, les expériences des personnes perçues ou identifiées comme féminines varient considérablement de celles des personnes perçues ou identifiées comme masculines. Cela signifie qu’au cours de leur vie, les femmes trans et les personnes féminines trans ne jouissent souvent pas de leur droit à la sécurité, au respect et à l’épanouissement personnel. Elles font face à des défis importants pour maintenir une santé mentale positive et des liens sociaux, ainsi que pour accéder à un logement et à une alimentation adéquats.
Certaines personnes peuvent s’identifier à la communauté 2SLGBTQ+, tandis que d’autres peuvent ne pas s’identifier concrètement à une étiquette précise. Une multitude d’identités sexuelles et de genres existent ; certaines ont reçu un titre ou une appellation, et d’autres restent à explorer. Les parcours de vie sont variés, et le processus d’exploration de ces chemins et identités est souvent appelé « en questionnement ».
Les recherches montrent que les personnes qui s’identifient comme étant en questionnement ou qui traversent une phase de questionnement sont plus à risque de développer des problèmes de santé mentale (Shearer et al., 2016). Cette phase est souvent perçue comme une période vulnérable dans leur parcours. Pendant ces moments d’incertitude, les systèmes et soutiens qui entourent une personne peuvent profondément améliorer ou détériorer son bien-être (Higa et al., 2014).
Certaines personnes considèrent le questionnement comme une exploration, alors que pour d’autres, c’est une identité en soi. Il est donc essentiel que les soutiens respectent la personne et l’endroit où elle se situe dans son parcours.
En plus du questionnement, faire son coming out est une expérience que certaines personnes 2SLGBTQ+ peuvent choisir de vivre. Faire son coming out peut être perçu comme « un parcours de vie consistant à comprendre, reconnaître et partager son identité de genre et/ou son orientation sexuelle avec les autres » (American Academy of Pediatrics, 2018).
Pour certaines personnes, faire son coming out peut être un processus rapide ; pour d’autres, il peut être plus long, et certaines choisissent de ne pas inclure cette étape dans leur parcours. Faire son coming out est une décision personnelle qui peut prendre de nombreuses formes. Il n’existe pas une seule façon de se dévoiler, et quelle que soit la manière ou si une personne choisit de le faire, son expérience est valide et doit être respectée.
Le questionnement, faire son coming out et toute autre étape du parcours d’une personne peuvent être temporaires ou durer toute une vie. Il n’y a pas de limites de temps, d’âge, ou de manuel définissant à quoi ce processus doit ressembler.
Les premières années peuvent être difficiles à naviguer, car les enfants vivent de nombreux changements, allant de la croissance rapide à des périodes de transition. Les troubles alimentaires et les comportements alimentaires problématiques peuvent survenir à tout moment durant ces années. On associe souvent les troubles de l’alimentation aux adolescent·e·s et jeunes adultes, mais ils peuvent être diagnostiqués chez des enfants de moins de 12 ans.
La neutralité corporelle est un mouvement vers l’acceptation de son corps en mettant moins l’accent sur son apparence. Ressentir une neutralité envers son corps permet de cesser de poser des jugements, qu’ils soient positifs ou négatifs, sur son apparence. C’est reconnaître que son poids et son apparence ne définissent pas sa valeur, et se concentrer sur ce que son corps fait plutôt que sur la manière dont il est perçu.
Alors que les enfants explorent leur identité et le monde qui les entoure, des discussions sur leur genre peuvent émerger. Les enfants peuvent exprimer leur genre de manière créative à tout âge ou à n’importe quel moment de leur développement, même s’il·elle·s n’ont pas encore les mots pour le décrire. Avant l’âge de cinq ans, un·e enfant pourrait ne pas percevoir le genre comme quelque chose de permanent et pourrait avoir une approche flexible à ce sujet. Les recherches indiquent que les enfants commencent à développer une notion plus précise du genre entre trois et cinq ans, avant de considérer le genre comme un « trait stable » dans les années suivantes (Bem, 1974).
Les enfants sont motivé·e·s à s’intégrer à leurs pair·e·s. Lorsque des préoccupations liées à l’image corporelle apparaissent, des inquiétudes concernant le genre peuvent également surgir. Entre trois et cinq ans, un·e enfant est motivé·e à s’aligner avec ceux et celles qui partagent la même identité et apparence de genre ; vous pourriez remarquer qu’un·e enfant de cet âge adopte des stéréotypes de genre. Entre sept et dix ans, les enfants peuvent devenir plus détendu·es face aux comportements et apparences genrés. Selon une étude, l’âge moyen auquel une personne réalise que son genre diffère de celui qui lui a été attribué est de huit ans, ce qui montre qu’un bon nombre d’enfants expriment leur transidentité avant de quitter l’école primaire (Kennedy & Hellen, 2010). Certains enfants peuvent ressentir qu’il y a quelque chose qui « ne va pas » chez eux·elles et peuvent chercher à attribuer la faute, que ce soit à l’extérieur ou envers eux·elles-mêmes (Kennedy & Hellen, 2010). Il est essentiel de rassurer les enfants qu’il n’y a rien de « mal » chez eux ou dans la manière dont il·elle·s s’expriment.
Dans mon parcours et en venant à ma propre identité non-binaire, mon corps était séparé de mon être authentique pendant mon enfance. Voir mon corps comme une menace pour mon identité, en raison de sa divergence par rapport à l'image qu’une société avait de ce à quoi une « fille » de cinq ans devait ressembler, agir et se comporter, a accentué le malaise corporel que je ressentais au moment où j'ai commencé la maternelle. On m’a dit, tant par des adultes que des pair·e·s, que je ne pouvais pas faire les choses que j’aimais ou que je voulais poursuivre en raison de mon sexe. À cet âge, j'avais lié le sexe et le corps, ce qui m'a amené à rationaliser que c’était mon corps, cette « chose », qui m'empêchait de m'amuser et de me faire des ami·e·s. En tant qu'enfant, je voulais voir un modèle de rôle qui me ressemble, quelqu'un·une qui ne se conformait pas à tous les aspects que la société nous fait croire font partie de l'identité « féminine ». Dans ma petite enfance, je pensais que naître dans ce corps signifiait que j’étais confiné·e aux limites de l’invisibilité et du silence, et que mon soi authentique était « mauvais » ou « devait être corrigé ». En grandissant, je me suis concentré·e sur « réparer » mon apparence, de mes cheveux à mes vêtements, en passant par mon corps, ce qui a conduit à l'apparition de symptômes de troubles alimentaires dès l'âge de sept ans. Mon point de vue aurait été profondément transformé si on m’avait donné la liberté d’être et de m’épanouir dans mon identité.
Lorsqu’un·e enfant commence à comprendre des mots comme « fille » et « garçon », il·elle est prêt·e à entamer des conversations autour du genre. Certain·e·s enfants peuvent déjà avoir des questions pour vous. En tant que proche aidant·e, vos expériences et votre approche avec votre enfant seront uniques et adaptées à l’endroit où il·elle en est dans son parcours.
Selon mon expérience, les éducateur·rice·s peuvent jouer un rôle dans la création d’espaces plus sûrs : la capacité d’un·e enseignant·e à reconnaître les signes de troubles alimentaires aurait fait une différence pour moi. En tant qu’enfant souffrant d’un trouble alimentaire et en lutte avec mon identité, je me sentais souvent épuisé·e, effrayé·e et isolé·e. Je me souviens avoir souhaité que les personnes que je voyais comme des modèles interviennent et agissent. Bien que ce ne fût pas le cas pour moi, les adultes qui soutiennent les enfants peuvent apporter des changements significatifs. Partager des histoires de personnes diversifiées en matière de genre en classe, avoir ces conversations et soutenir les élèves avec une conscience calme et sans jugement pourrait changer l’issue d’un·e enfant.
Lorsque des changements surviennent, que ce soit à la maison ou lors d'une crise régionale, nationale ou mondiale, les enfants sont les plus touché·e·s. En raison de leur immaturité physique et cognitive, il·elle·s dépendent des adultes pour les soutenir dans la régulation de leur réponse au stress. L'adversité a des effets perturbateurs sur le développement global du cerveau, pouvant entraîner des problèmes accrus à l'école, des préoccupations comportementales, une productivité économique réduite à long terme, ainsi que des problèmes de santé physique et mentale à vie, y compris des troubles alimentaires. En tant que proche aidant·e, vous pouvez vous sentir obligé·e de protéger les enfants de tout stress ; cependant, le stress positif favorise des comportements qui motivent la préparation et la persévérance. Les enfants qui apprennent tôt des stratégies d'adaptation en réponse au stress positif (par exemple, devoir partager leurs jouets pour la première fois ou assister à leur premier jour d'école) sont plus susceptibles de devenir habiles à gérer le stress et l'anxiété sans avoir recours à des troubles alimentaires.
Si votre enfant exprime ouvertement son genre de manière créative et s’identifie comme faisant partie de la communauté 2SLGBTQ+, il·elle peut être confronté·e à de l’homophobie ou à de la transphobie. Cela peut augmenter le risque de développer des préoccupations liées à l'alimentation, au poids ou à la forme du corps dans le futur, et potentiellement être soumis·e à une discrimination fondée sur l'apparence (Gordon et al., 2016). Toute discrimination qu'un·e enfant subit en raison de son identité va au-delà du stress positif ; les adultes ont la responsabilité d'aider les enfants à réduire les niveaux de stress liés à la discrimination. Confronté·e·s aux menaces et distractions entourant leur identité, les enfants ne peuvent pas développer correctement le contrôle des impulsions et la concentration. Les adultes peuvent protéger les enfants des sources de stress toxique et aider les enfants confronté·e·s à des niveaux de stress élevés à revenir à leur niveau de base en modélisant des stratégies d'adaptation saines, tout en fournissant sécurité et protection.
Nos expériences en tant qu'enfants et adolescent·e·s façonnent nos interactions avec nous-mêmes, les autres et le monde qui nous entoure. À mesure que les personnes grandissent, elles peuvent commencer à passer moins de temps avec leurs parents ou proches aidant·e·s et se tourner vers leurs ami·e·s ou pair·e·s comme modèles. Les régimes alimentaires deviennent de plus en plus courants chez les jeunes, avec des intensités croissantes et un début à des âges de plus en plus jeunes.
La puberté est une période difficile pour la plupart des jeunes. Il est normal de lutter pour comprendre les changements qui se produisent dans nos corps et nos esprits. Pour les jeunes 2SLGBTQ+, la puberté peut être particulièrement difficile. Pour certain·e·s, en particulier les adolescent·e·s trans, les changements corporels sont mal accueillis et peuvent entraîner de nouveaux défis sur le plan de l'humeur ou du comportement (par exemple, dépression et retrait social). Le développement des caractéristiques sexuelles secondaires (par exemple, poils du visage, seins) et les changements dans les dynamiques des relations interpersonnelles peuvent être extrêmement perturbants si un·e jeune a l'impression que son corps change de manière qu'il·elle ne souhaite pas ou ne peut pas contrôler. Certain·e·s peuvent avoir su leur genre ou orientation sexuelle depuis longtemps, mais l'ont gardé caché par peur des conséquences. La puberté peut aussi être difficile si les jeunes réalisent que ce qu'il·elle·s sont n'est pas considéré comme «normal » par la société et certain·e·s des personnes autour d'eux·elles. Cela peut être à la fois effrayant et décevant, et de nombreux·euses jeunes se retrouvent à naviguer seul·e·s leur expression de genre ou orientation sexuelle. De plus, certain·e·s jeunes commenceront à croire qu'ils·elles ne sont pas « normal·e·s » ou qu'il y a quelque chose de « mal » avec eux·elles ou leur corps.
Les jeunes plus âgé·e·s peuvent commencer à reconnaître les stéréotypes des personnes 2SLGBTQ+, notamment ceux véhiculés par les médias populaires. Ces stéréotypes peuvent être extrêmement nuisibles, véhiculant l'idée qu'il n'y a qu'une seule façon d'être, de se comporter et de paraître pour les personnes lesbiennes, gais, bisexuelles, trans, queer et bispirituelle.
Voici quelques exemples :
Les attentes genrées sur l'apparence des personnes incluent des attentes concernant la forme et la taille du corps. Dans les cultures occidentales, les filles et les femmes sont censées être minces et surveiller de près leur alimentation pour le rester, tandis que les garçons et les hommes sont censés maintenir une silhouette musclée. Les jeunes 2SLGBTQ+ peuvent être sensibles à ces normes de beauté et pourraient consciemment ou inconsciemment les appliquer à eux·elles-mêmes. Par exemple, parce que notre société suppose également que les femmes seront hétérosexuelles, les jeunes lesbiennes qui ont intériorisé cette idée peuvent essayer de s'intégrer en adoptant la féminité idéale mince pour les aider à « agir », « paraître » ou « devenir » hétérosexuelles. De même, les jeunes filles trans peuvent ressentir la pression de perdre du poids pour « prouver » leur féminité, et les personnes trans féminines sont souvent soumises à des standards de féminité beaucoup plus stricts que les femmes cisgenres. D'autre part, les jeunes hommes gays et les garçons trans peuvent ressentir le fort besoin de perdre du poids (par exemple, au niveau des hanches/du ventre/des fesses) et de prendre du muscle en raison des conceptions populaires de la masculinité comme étant physiquement forte et musclée. Il convient également de noter qu'il existe généralement moins de répercussions sociales pour les hommes gros que pour les femmes grosses. Bien que chaque jeune ne vive pas ces sentiments ou compulsions, ces facteurs peuvent être des aspects importants de l'expérience d'un·e jeune confronté·e à un trouble alimentaire.
Les jeunes devraient être rassuré·e·s qu'il existe de nombreuses façons d'être bispirituel·le, lesbienne, gay, bisexuel·le, transgenre ou queer. Le corps d'une personne n'est pas déterminé par son orientation sexuelle ou son genre, et vice versa. Il existe autant de possibilités d'incarnation du genre qu'il existe de personnes, et ne pas accepter la diversité corporelle nuit finalement aux personnes de tous genres en nous imposant l'idée de seulement deux possibilités : une femme mince et un homme musclé.
Tou·te·s les personnes trans ne souhaitent pas effectuer une transition médicale, et le fait d’accéder ou non à des traitements affirmant le genre ne remet pas en question la validité de l’identité ou de l’expérience d’une personne trans. Cependant, pour les personnes trans qui désirent ces traitements, y avoir accès peut être extrêmement gratifiant. Les personnes trans qui souhaitent et peuvent accéder à une hormonothérapie ou à des chirurgies affirmant le genre constatent généralement de nombreux effets positifs, notamment une amélioration de l’humeur, une plus grande satisfaction corporelle et une diminution des comportements alimentaires désordonnés.
Dans de nombreux cas, il est idéal que les personnes trans commencent une hormonothérapie lorsqu’elles présentent les premiers signes de la puberté, vers l’âge de 16 ou 17 ans. Cependant, sans des systèmes intégrés de soins de santé trans et un réseau adéquatement financé de cliniques de genre, de nombreuses familles ne trouvent pas de soutien en temps opportun pour leurs enfants trans au sein de la communauté médicale. Les listes d’attente pour accéder aux soins dans les cliniques de genre peuvent durer des années. Les jeunes trans plus jeunes peinent encore à accéder aux bloqueurs hormonaux, qui préviennent une grande détresse en leur accordant du temps avant de décider de poursuivre ou non les bloqueurs ou de commencer une hormonothérapie.
Il est important de noter que la transition n’est pas une solution miracle, car elle n’affecte pas les autres facteurs influençant les comportements alimentaires d’une personne. Par exemple, après avoir accédé à une hormonothérapie, certaines personnes trans peuvent commencer à ressentir une insatisfaction ou un inconfort liés à la manière dont leur masse graisseuse s’est redistribuée. Les comportements alimentaires désordonnés peuvent survenir ou réapparaître après une chirurgie, en raison du stress et/ou des restrictions liées à l’exercice physique. Les préoccupations concernant l’acné (un effet secondaire assez courant de l’hormonothérapie à base de testostérone) peuvent amener certaines personnes trans à modifier radicalement leur régime alimentaire pour éviter tout aliment qu’elles croient être à l’origine de poussées d’acné. Bien que l’acné soit une affection cutanée normale, non associée à l’hygiène, certain·e·s éprouvent une détresse accrue à cause de leurs boutons, car les personnes avec des imperfections sont souvent perçues comme indésirables ou « sales ». Enfin, les personnes trans peuvent ressentir un stress accru après avoir commencé une hormonothérapie en raison des changements dans la manière dont leur corps est perçu et traité par les autres; cela ne doit pas être confondu avec ce que l’on appelle le « regret de transition ».
Le soutien d’un·e parent ou d’un·e aidant·e peut faire une énorme différence pour un·e jeune traversant des défis, notamment en ce qui concerne l’image corporelle, l’alimentation, le deuil et l’inclusion. Il peut être difficile pour un·e jeune de prédire comment un·e parent ou un·e aidant·e pourrait réagir à des informations nouvelles à son sujet, qu’il s’agisse de sa sexualité et/ou de son genre ou de ses habitudes alimentaires. Les jeunes peuvent également être réticent·e·s à parler à un·e adulte de leurs difficultés s’ils·elles s’attendent à ce que cet·te adulte veuille qu’il·elle·s changent immédiatement. Il·elle·s peuvent trouver que l’adulte peine à comprendre l’énorme pression sociale qu’il·elle·s ressentent pour « s’intégrer » dans une société hétéronormative et cisnormative. Dans ce cas, les jeunes risquent de ne pas se confier à leur parent ou aidant·e, surtout si cette personne contrôle l’accès à la nourriture à la maison et à l’école.
Soutenir un·e jeune ayant un trouble alimentaire implique souvent un traitement axé sur la famille, reconnaissant que les parents et les aidant·e·s jouent un rôle crucial dans l’alimentation et les soins apportés à leur enfant (Kirsch et al., 2016; Watson, O’Brien et Sadeh-Sharvit, 2018). Les jeunes dépendent également souvent de leurs aidant·e·s pour accéder aux traitements médicaux affirmant le genre. Les recherches menées auprès des jeunes trans et de leurs aidant·e·s indiquent que le soutien à l’accès aux traitements médicaux affirmant le genre peut renforcer l’implication des aidant·e·s dans la guérison des troubles alimentaires; à l’inverse, les aidant·e·s qui empêchent leur enfant d’accéder à des traitements affirmant le genre limitent aussi, sans le vouloir, leur rôle dans les soins et le processus de guérison de l’enfant (Donaldson et al., 2018).
Beaucoup d’entre nous sont influencé·e·s par la manière dont nos ami·e·s pensent et agissent. Si elle·il·s sont préoccupé·e·s par leur poids ou leur apparence et/ou pensent que certains types de corps sont simplement « meilleurs » ou « plus sains » que d’autres, cela peut avoir un impact réel sur la façon dont nous nous percevons. Si nos ami·e·s commencent à suivre un régime ou à changer leur façon de manger pour influencer leur apparence, cela peut nous donner l’impression que le régime est la solution si nous sommes mécontent·e·s de notre corps ou de la façon dont nous sommes traité·e·s dans notre corps. Bien sûr, cela peut aussi fonctionner dans l’autre sens! Parler de sujets comme l’image corporelle, l’amour de soi et les standards corporels irréalistes véhiculés dans les films et magazines peut aider à déconstruire les attentes sur la manière dont nous devrions paraître et nous sentir par rapport à notre corps.
Votre école peut avoir une Alliance entre personnes LGBTQ+ et allié·e·s où les élèves s’identifiant comme membres de la communauté 2SLGBTQ+ et leurs allié·e·s peuvent collaborer pour créer un environnement exempt de discrimination. Participer à une alliance ou en démarrer une peut vous aider à trouver un espace pour exprimer votre identité et rencontrer d’autres personnes qui peuvent comprendre votre expérience. Si vous habitez dans un centre urbain ou une grande ville, vous pouvez également trouver du soutien auprès de groupes de jeunes 2SLGBTQ+ animés par un·e facilitateur·trice formé·e ou par des pair·e·s, d’initiatives culturelles et artistiques queer, ainsi que d’occasions de participer aux festivités de la Fierté. Si vous craignez qu’une personne de votre entourage découvre que vous fréquentez ces espaces, soyez rassuré·e·s : plusieurs de ces espaces servent également de café ou de centre communautaire, garantissant votre sécurité.
Trouver une communauté ne signifie pas toujours se rendre physiquement dans un lieu – voir la section Naviguer dans les espaces en ligne. Pour ma part, créer un petit groupe d’ami·e·s solidaires partageant des expériences face à la discrimination et aux traumatismes a été essentiel pour me sentir en sécurité et connecté·e. Nous avions trouvé un espace sûr à l’école, généralement calme, et nous utilisions un mot-code discret pour signaler quand l’un·e de nous avait besoin de parler. Tisser des liens et bâtir un réseau de soutien, qu’il soit petit ou grand, a fait une énorme différence dans ma vie.
Il est naturel de vouloir qu’une personne dans votre vie comprenne ce que vous traversez, surtout s’il y a un conflit ou un environnement familial non favorable. Les membres adultes du personnel scolaire peuvent vous aider à apprendre des stratégies positives pour faire face aux défis et réduire le stress en classe. Par exemple, les conseiller·ère·s d’orientation sont là pour promouvoir et soutenir le développement et le bien-être des élèves et sont formé·e·s pour aider les jeunes à gérer les sources de stress dans leur vie personnelle. Aller voir un·e enseignant·e ou un·e conseiller·ère pour parler de votre santé mentale et/ou de vos préoccupations concernant votre genre ou sexualité peut être inconfortable, surtout si c’est la première fois que vous leur parlez. Si cette peur est écrasante, priorisez une discussion avec quelqu’un en qui vous avez confiance et qui, selon vous, validera votre vécu. Cette personne peut vous mettre en contact avec un·e conseiller·ère d’orientation ou d’autres sources de soutien, comme des services de santé mentale scolaires ou des ressources communautaires externes.
Vous vous demandez peut-être comment savoir si une personne soutient et affirme la communauté 2SLGBTQ+. Bien qu’il n’y ait pas de règles fixes, voici quelques actions que des adultes en milieu scolaire peuvent poser (Western Governors University):
Si vos éducateur·trice·s ne font pas ces choses, rappelez-vous qu’elle·il·s peuvent être opprimé·e·s par le système en place ou incertain·e·s quant à la manière d’intégrer leurs valeurs dans leur vie professionnelle. Si vous êtes nerveux·se à l’idée d’avoir une conversation, il peut être utile de réfléchir à vos intentions, à ce que vous espérez en tirer et à ce que vous prévoyez de dire. Faites confiance à votre instinct si vous n’êtes pas sûr·e.
Il peut être difficile d'être une personne jeune à l’école secondaire, encore plus lorsque l'on tente de naviguer dans son identité de genre ou son orientation sexuelle tout en faisant face à un trouble alimentaire.
Voici quelques facteurs à garder en tête :
Soyez doux·ce avec vous-même : vous aurez peut-être des journées difficiles pendant votre guérison, et c'est une pratique continue. Rappelez-vous que vous faites de votre mieux avec les informations que vous avez apprises au fil du temps. Apprenez à reconnaître quand vous avez besoin de soutien immédiat. Si vous vous sentez anxieux·se, déprimé·e, bouleversé·e et que des comportements désordonnés apparaissent, sachez que vous pouvez chercher du soutien.
Je ne croyais pas que je pouvais rétablir, obtenir du soutien ou parler de certains des symptômes que j’éprouvais pendant mon adolescence à l’école secondaire, et je n’ai pas activement reçu de soutien ou reconnu mon trouble de l’alimentation jusqu’à la vingtaine. J’espère que vous pouvez voir qu’il y a de l’espoir et du soutien à votre disposition en tant qu’adolescent.
Il y a de nombreux avantages à être en ligne, comme le fait de pouvoir se connecter avec des personnes avec qui vous pouvez vous identifier. Internet est un endroit formidable pour recueillir des informations, partager des ressources et avoir du soutien entre pairs. Cela peut être positif pour la santé mentale lorsqu'il est utilisé pour interagir avec des outils de gestion personnelle en ligne et des communautés de soutien entre pair·e·s.
J'ai grandi dans une petite communauté où l'acronyme 2SLGBTQ+ n'avait jamais été entendu, encore moins le terme non-binaire. En tant que personne queer non-binaire, je me sentais seule pendant longtemps, pensant que j'étais la seule personne à lutter avec mon genre, ma sexualité, et leurs impacts sur mon corps. Ce n'est que lorsque j'ai pu chercher du soutien en ligne que j'ai trouvé une communauté et un sentiment d'appartenance. Ce soutien m'a aidé·e à traverser des transitions difficiles de ma jeunesse, où j'avais besoin de comprendre de la part de quelqu'un qui pouvait se reconnaître. Même lorsque j'ai déménagé, ces connexions en ligne m'ont rappelé que même si ma situation actuelle n'était pas la meilleure, quelqu'un là-bas me comprenait et savait ce que je traversais. Cela a créé des possibilités pour mon parcours tant dans mon identité queer que dans ma guérison du trouble alimentaire.
Trouver une connexion avec d'autres personnes 2SLGBTQ+ peut être difficile, surtout pendant notre adolescence. Grâce au soutien en ligne, nous pouvons trouver d'autres personnes à travers le monde qui se reconnaissent, et trouver du réconfort dans ce soutien. Pour les jeunes trans, cela peut être particulièrement important, car le langage sur la transidentité est souvent caché aux enfants trans et créatifs·ves de genre jusqu'à ce que, adolescent·e·s, il·elle·s puissent identifier ce langage par eux·elles-mêmes (Kennedy, 2013). Lorsque les enfants trans et créatif·ve·s de genre apprennent des mots pour se décrire plus précisément, cela leur permet de mieux se connaître et de savoir qu'il y a d'autres personnes comme eux·elles.
Internet et les réseaux sociaux peuvent être des ressources formidables, mais il est important d’être critique par rapport à ce que l’on voit en ligne. Bien que de nombreuses personnes promeuvent la diversité corporelle, certaines insisteront sur l’existence de manières d’être et de se comporter qui seraient naturellement « meilleures » que d’autres. Cela est bien sûr faux, mais il est facile de se laisser emporter par ce message.
Voici quelques stratégies à garder à l’esprit lorsque vous naviguez dans le monde en ligne :
La communauté 2SLGBTQ+ n’est pas monolithique – il existe de nombreuses personnes avec de nombreuses opinions, certaines basées sur l’intériorisation de certains messages nuisibles que nous avons reçus sur nous-mêmes en grandissant. Il existe plusieurs YouTuber·euse·s célèbres, par exemple, qui promeuvent la transnormativité – l’idée qu’il y a une manière d’être trans qui est plus « correcte » ou « naturelle ». Selon eux·elles, pour être véritablement trans, il faut s’identifier au « genre opposé », savoir dès un jeune âge que l’on est trans, et effectuer une transition médicale pour « passer ». L’idée qu’il faille effectuer une « transition complète » vers le « genre opposé » opprime les personnes non binaires et toutes celles et ceux qui ne désirent pas de transition médicale, en créant une dichotomie entre les « vrais » trans et les « imposteurs ». Certaines personnes trans et non binaires peuvent désirer ou avoir besoin de plusieurs types de traitements affirmant le genre tout au long de leur transition, tandis que d’autres peuvent être satisfaites et content·e·s avec moins de procédures, et d’autres encore ne désirent pas de transition médicale. Il n’y a pas de bonne manière d’être trans. Chaque personne au monde a une relation unique avec le genre, et elle a le droit de déterminer la nature de cette relation. En liant la validité du genre d’une personne à son apparence, la transnormativité implique que pour être respecté·e et en sécurité en tant que personne trans, il faut être invisible en tant que personne trans. Pourtant, il existe une grande diversité corporelle naturelle pour les personnes cisgenres, alors pourquoi les personnes trans devraient-elles être différente?
Le trauma peut vivre dans le corps pendant longtemps. De nombreuses personnes survivantes de traumatismes comme les abus ou les agressions sexuelles éprouvent des difficultés avec l’alimentation et leur relation avec leur corps. Bien que l’on ait tendance à penser que le trauma survient après un événement unique, il peut aussi découler de discriminations et d’oppressions continues. Puisque les personnes de tout âge peuvent être affectées par le trauma, les personnes vivant des troubles alimentaires et celles qui s’en occupent doivent examiner les événements passés, les déclencheurs actuels et les possibilités de guérison.
Les personnes 2SLGBTQ+ peuvent vivre des expériences qui leur donnent l’impression que le monde n’est pas sûr. La possibilité de rencontrer de la violence est élevée pour les personnes 2SLGBTQ+, particulièrement à mesure que l’on observe une hausse de la visibilité des communautés queer et trans, mais peu d’améliorations en matière de soutien à leur santé et leur qualité de vie. Il y a aussi le stress psychologique d’anticiper la discrimination ou la violence. Les médias populaires et les actualités dépeignent souvent la vie queer comme tragique, inévitablement remplie de doutes et de peurs. Combinée aux expériences réelles de ces personnes, cette narration tragique dominante peut créer des conflits et de la confusion centrés autour des corps, de la sécurité et de la question du « coming out ». Le « coming out » a une longue histoire dans et en dehors du concept de genre et concerne la manière de « se fondre » dans la norme. Dans la culture occidentale, parce que le binaire de genre et les rôles de genre sont strictement maintenus dans les soins de santé, les services sociaux et les institutions éducatives, « faire son coming out » peut être un moyen pour les personnes 2SLGBTQ+ d’accéder aux soins et ressources nécessaires. Le coming out est parfois mal représenté comme étant « nécessaire » pour qu’une personne 2SLGBTQ+ trouve l’acceptation. Le « coming out » peut être gratifiant pour les personnes 2SLGBTQ+ car cela leur permet d’obtenir ce dont elles ont besoin, y compris la sécurité contre la violence. Cependant, il y a souvent un compromis malheureux où elles sont incapables de s’exprimer authentiquement.
Il est normal de ne pas aimer le corps dans lequel on se trouve et d’exprimer ses luttes avec son corps. Trouver une communauté de soutien (voir la section Trouver du soutien) peut aider.
Quand vous avez du mal à accepter votre corps, pensez à :
Parler avec quelqu’un en qui vous avez confiance à propos de vos difficultés avec votre corps peut vous aider à traiter ces émotions difficiles. Vous n’avez pas besoin de traverser seul·e ces défis liés à l’image corporelle !
Devenir parent est une décision et une expérience uniques pour chaque personne. Les personnes 2SLGBTQ+ doivent décider non seulement si nous voulons devenir parent, mais aussi comment nous allons le devenir. Adoptons-nous? Obtenons-nous du sperme d’un ami ou l'achetons-nous dans une banque de sperme? Engageons-nous avec des cliniques de fertilité? Trouvons-nous une mère porteuse? Cela peut être un engagement coûteux et monumental qui peut affecter notre santé mentale et physique, nos relations et nos finances. Quel impact nos « troubles alimentaires » ont-ils eu sur notre fertilité? Comment notre identité sexuelle et de genre influencera-t-elle notre parcours dans ce système hautement médicalisé?
Ce sont des questions importantes auxquelles chaque individu doit trouver des réponses.
J'avais 32 ans et étais récemment marié·e lorsque nous avons décidé que nous voulions avoir un enfant. Ma femme n'était pas particulièrement intéressée par la grossesse, alors nous avons décidé de voir si je pouvais tomber enceinte. J'avais deux décennies d'antécédents de troubles alimentaires qui m'inquiétaient.
Bien que l'espoir soit que la relation avec une clinique de fertilité soit brève, elle peut être longue. Nous voulions avoir une équipe médicale en laquelle nous avions confiance, alors nous avons rencontré deux cliniques de fertilité. Nous vivions en banlieue et bien qu'une des cliniques soit à quelques minutes de chez nous, nous n'avions pas l'impression qu'elles avaient beaucoup d'expérience avec les couples de même sexe. Nous avons donc choisi de travailler avec une clinique plus éloignée de Toronto.
Je suis tombée enceinte après un traitement de 10 mois qui s’est finalement conclu avec une fécondation in vitro (FIV). Les tests n'ont jamais indiqué que mon trouble alimentaire avait causé des problèmes. J'ai trouvé l'expérience de la clinique de fertilité tellement déshumanisante et médicalisée que j'ai envié les couples qui pouvaient créer une famille avec une soirée romantique à la maison. Au lieu de cela, j'ai eu des médecins qui ne pouvaient pas se souvenir de mon nom, des infirmières agitées parce que je ne connaissais pas mon poids (un choix lié à la guérison), et des examens internes réguliers à 7h00 du matin. Bien que je sois parmi les patient·e·s qui ont réussi à avoir une grossesse saine, je me suis senti·e profondément déconnecté·e de mon corps et j'ai lutté avec des déclencheurs et des symptômes légers de troubles alimentaires.
Lorsque mes soins médicaux ont été transférés à un·e médecin de ma ville, j'ai constaté que ma nouvelle équipe médicale avait des connaissances limitées en matière de FIV et de donneurs de sperme, et aucune idée de la manière de parler aux couples de même sexe. Des hypothèses incorrectes étaient constamment faites et nos choix étaient souvent qualifiés « d'intéressants » ou de « mignons ». J'étais préoccupée par le fait que des hypothèses soient formulées, ce qui pourrait sérieusement m'impacter, moi ou le bébé à naître.
Je ne m'attends pas à ce que les professionnel·le·s de la santé sachent tout, seulement qu'ils/elles aient conscience de leurs limites. À titre d'exemple d'une bonne expérience, j'ai eu une consultation avec un·e spécialiste à un hôpital de Toronto lorsque la clinique de fertilité a exprimé une préoccupation concernant mon échographie. Étant donné que nous avions été référé·e·s par une clinique de fertilité, de nombreuses questions de l'admission étaient directement liées à cette expérience, des questions telles que : Comment avez-vous obtenu le sperme? Veuillez répondre à toutes les questions sur le donneur du mieux que vous pouvez. Où avez-vous obtenu l'ovule? Quelle est votre relation avec l'autre personne? Quelle est votre relation avec l'enfant? Il·elle·s ont également pris le temps d'expliquer certaines des terminologies qu' Il·elle·s utilisaient pour catégoriser notre situation.
Ces questions, et l'attention que cet·te spécialiste a portée à la compréhension de ma situation, ont permis de créer un climat de confiance et un environnement inclusif où notre famille a été reconnue et respectée. Cette expérience était le contraire exact de mon premier rendez-vous avec l'obstétricien·ne, où le médecin est devenu troublé lorsqu'il·elle a réalisé qu'il·elle ne demandait pas l'historique médical de la bonne personne et n'avait pas de dossier préparé pour cela.
Je n'ai pas parlé à mon·ma gynécologue de mes antécédents de troubles alimentaires parce que je n'étais pas symptomatique pendant ma grossesse. Avec du recul, le problème n'était pas que je n'aie pas choisi d'en parler, mais plutôt qu'il n'y a eu aucune discussion sur ma santé mentale. J'ai apprécié ma grossesse, mais j'ai toujours ressenti la pression mentale et émotionnelle de mon corps qui changeait. La prise de poids fait partie d'une grossesse en santé, mais je n'ai pas apprécié le fait de revenir à une relation avec la balance. J'ai choisi de ne pas en avoir à la maison, mais les pesées étaient une partie de presque chaque suivi. Au début, j'ai choisi de faire des pesées à l'aveugle, mais au troisième trimestre, je suis devenue accroché·e à chaque chiffre de la semaine et à ses variations.
En dehors du cabinet médical, mon corps était un sujet d'intérêt et de conversation comme jamais auparavant. Les éloges sur à quel point j'avais « l'air bien », bien que bien intentionnés, me rappelaient les commentaires que j'avais reçus lorsque j'étais très malade à cause de mon trouble alimentaire. De plus, la famille, les collègues et les voisin·e·s ont posé des questions sur la façon dont je suis tombé·e enceinte et à quoi ressemblerait notre famille. Quelle clinique avez-vous utilisé? Comment avez-vous choisi un donneur? Puis-je voir sa photo? Votre femme devrait aussi tomber enceinte en même temps, et vous aurez deux bébés! Comment l'enfant vous appellera-t-il? Est-ce que l’enfant sera confus·e d'avoir deux mamans? Bien que je sois devenue très doué·e pour les détourner, ces questions sont inappropriées, déshumanisantes et une intrusion dans la vie privée.Ma fille est née après plus de 24 heures de travail ; j'étais tellement épuisé·e que je ne me souviens pas beaucoup de ce grand moment. Pendant mon travail, les médecins et infirmières étaient très attentif·ve·s à mes besoins physiques, mais mes besoins émotionnels et mentaux n'intéressaient personne, un scénario qui se répéterait tout au long de ma récupération de trois jours à l'hôpital et au-delà.
Une fois que nous avons été transféré·e·s du côté de la récupération, le bébé est devenu l'objectif principal des soins. Mon bien-être n'était pas une grande préoccupation et le personnel ne reconnaissait pas ma femme comme une co-parent et partenaire. Elle a été félicitée à plusieurs reprises pour être une sœur aussi « soutenante », malgré mes corrections constantes.
J'ai eu un très long parcours de récupération physique et émotionnelle après cette expérience, ce qui a entraîné une rechute de mon trouble alimentaire avant le premier anniversaire de ma fille. Cette rechute aurait pu être évitée. Être enceinte et devenir parent sont des changements énormes, ce qui semble évident, mais je n'avais pas une réelle compréhension de ce que cela signifierait pour moi. Bien que je voyais régulièrement mon psychiatre, je devais parler et défendre ma santé mentale avec chaque professionnel·le de la santé. Bien que je souhaite avoir défendu davantage mes droits, je ne suis pas seul·e responsable du manque de soins. Mes professionnel·le·s de la santé ne m'ont jamais posé de questions sur ma santé mentale et étaient condescendant·e·s et honteux·se·s lorsque je me suis exprimé·e.
Pendant mon séjour à l'hôpital après la naissance de ma fille, je n'avais pas dormi depuis des jours et mon anxiété est devenue ingérable. Plus d'une fois, j'ai demandé un médicament contre l'anxiété qui soit sûr pour moi pendant l'allaitement afin que je puisse me reposer. Le médecin n'a pas prescrit de médicament psychiatrique, car cela passerait dans le lait maternel et nuirait au bébé, bien que l'allaitement maternel ou le lait artificiel ne soit pas une question de vie ou de mort pour un bébé. Cependant, les professionnel·le·s de la santé poussent l'allaitement et ne parlent pas des alternatives. On m'a dit que ma baisse d'humeur était normale pour les nouvelles mamans et que je devais « juste attendre que ça passe ».
Après cette conversation, j'ai demandé à sortir de l'hôpital pour pouvoir consulter mon·a psychiatre et mon·a médecin de famille. Bien que je défendais mes droits, j'ai réalisé que personne ne m'écoutait. Mon·a psychiatre m'a prescrit des médicaments anti-anxiété sûrs pendant l'allaitement. J'ai rencontré mon·a médecin de famille, qui m'a demandé de revenir chaque semaine pour un suivi. Si ce niveau de connaissance et de soins médicaux avait été en place pendant mon séjour à l'hôpital, ma détresse n'aurait pas autant augmenté.
J'ai un long parcours psychiatrique et j'ai l'expérience de traiter avec des professionnel·le·s de la santé, mais cette expérience m'a sidéré·e. Je n'avais jamais vécu une expérience aussi condescendante, jugeante et négligente avec autant de médecins et d'infirmières. Si ce n'avait pas été pour mon équipe ambulatoire établie, je ne sais pas ce qui serait arrivé.
Socialement, je m'étais beaucoup isolé·e pendant ma grossesse. Il n'y avait pas de ressources 2SLGBTQ+ dans ma communauté. J'ai assisté à de nombreux groupes de mamans, mais j'étais toujours la seule personne 2SLGBTQ+. Cela m'a laissée seul·e avec mes « circonstances uniques » (être une lesbienne enceinte) et réticente à contacter d'autres personnes qui pourraient poser des questions inappropriées et indiscrètes. J'aurais aimé pouvoir trouver une communauté à laquelle m'identifier et être soutenue. Cela aurait réduit mon isolement et amélioré mon bien-être global en me connectant avec d'autres personnes vivant une expérience similaire.
Bien que la recherche démontre que les troubles alimentaires peuvent apparaître au milieu de la vie (souvent définie comme la période entre 45 et 54 ans), les informations disponibles sur cette intersection sont limitées. Les représentations médiatiques des troubles alimentaires incluent rarement des personnes plus âgées, préférant glorifier la jeunesse et l'attractivité physique. Les transitions majeures plus tard dans la vie, telles que les changements d'emploi ou de situation de logement, la détérioration de la santé physique, le soutien à un parent âgé, le divorce, le départ d'un enfant et les changements biologiques naturels du métabolisme, de la forme du corps et du poids, peuvent contribuer à une mauvaise santé mentale et à l'adoption de pratiques alimentaires et de mouvement nuisibles. Les personnes âgées peuvent être plus vulnérables aux complications médicales des troubles alimentaires, telles que la perte osseuse ou la dysfonction organique. Ces facteurs peuvent modifier la trajectoire de la guérison pour une personne vivant un trouble alimentaire en mi-vie, une rechute ou un nouveau début. Parmi les personnes recevant un traitement en établissement, celles en mi-vie ont été observées comme présentant une gravité plus grande de la maladie que leurs homologues plus jeunes (Anderson, Murray, & Kaye, 2017).
Le vieillissement est un aspect souvent négligé de l’expérience 2SLGBTQ+, et fait référence aux stéréotypes, préjugés et discriminations à l’encontre des autres ou de soi-même basés sur l’âge, et peut se manifester dans nos institutions, politiques et interactions interpersonnelles (OMS).
Beaucoup d'entre nous ayant vécu un trouble alimentaire pendant nos années d'âge moyen ont connu de la discrimination liée à l'âge et un sentiment de désespoir dans les environnements de soutien aux troubles alimentaires pour adultes. Il est normal de se sentir à l’écart ou ignoré·e dans un environnement où vos préoccupations de santé peuvent ne pas être prises au sérieux par des professionnel·le·s focalisé·e·s sur les besoins et perspectives des jeunes. Vous pouvez ressentir un sentiment de perte pour les années dominées par la maladie, que les pair·e·s plus jeunes ne peuvent pas comprendre. Se sentir isolé·e, invisible et dévalué·e même au sein de la communauté 2SLGBTQ+ peut créer du stress qui peut contribuer à des comportements alimentaires désordonnés. Par exemple, des recherches indiquent que de nombreux hommes gais se sentent vieux même lorsqu'ils sont relativement jeunes, car la jeunesse et l'attractivité physique sont surévaluées au sein de la communauté.
Le changement de terminologie peut aussi poser problème, car des termes autrefois acceptés sont désormais perçus comme discriminatoires. Bien que ces changements visent à créer de l'inclusivité et de l'acceptation au sein de la communauté, certain·e·s individus peuvent ne pas se sentir connecté·e·s aux termes qui changent. Une étude d'Emploi et Développement Social Canada a noté que le changement de terminologie 2SLGBTQ+ fait que « certain·e·s aîné·e·s ne se reconnaissent pas sous ces étiquettes ou ne se sentent pas reconnu·e·s ou soutenu·e·s par cette communauté ». Si une personne s'identifie à un terme ou une identité dont le sens a évolué au fil du temps, il est important de reconnaître son identité selon ses termes, plutôt que de lui imposer une nouvelle identité. Par exemple, bien que le terme « transsexuel·le » soit maintenant considéré comme obsolète et offensant, de nombreuses personnes trans âgées continuent d’utiliser cette terminologie. Peu importe comment vous vous identifiez, vous êtes valide et méritez du respect.
La crise du VIH/SIDA dans les années 1980 et 1990 a décimé une génération entière de personnes 2SLGBTQ+ et a augmenté la stigmatisation parmi les prestataires de soins de santé et le grand public, ce qui continue d’affecter la perception de notre communauté et des soins de santé mentale que nous recevons. De plus, notre communauté a été privée des adultes âgé·e·s qui auraient pu offrir des conseils, du soutien, voire un exemple de vie avec un trouble alimentaire.
Les troubles alimentaires sont dangereux chez les adultes âgé·e·s ; à mesure que nous vieillissons, nos corps deviennent moins résilients, et la restriction nutritionnelle augmente le risque de diverses complications, telles que l’ostéoporose et la faible densité osseuse causée par la sarcopénie, qui comprend la perte de tissu musculaire. Bien que la sarcopénie soit une partie naturelle du processus de vieillissement, des carences nutritionnelles majeures peuvent entraîner la perte de tissu musculaire autour du cœur, ce qui peut provoquer des complications telles que l’insuffisance cardiaque.
Les proches aidant·e·s peuvent ne pas reconnaître les signes et symptômes d'un trouble alimentaire et peuvent supposer que les symptômes observés chez la personne qu’il·elle·s accompagnent font partie du processus normal de vieillissement. Si vous suspectez qu'une personne sous votre soin vit un trouble alimentaire, préparez-vous à l'aborder et sachez qu'elle pourrait réagir par la colère ou la défensive. Ne minimisez pas la situation. Gardez les lignes de communication ouvertes, et faites savoir que vous êtes disponible pour discuter des prochaines étapes et aider à trouver un traitement lorsqu'elle sera prête. Offrir un soutien inconditionnel est souvent la manière de faire le plus de bien.
Beaucoup d'adultes âgé·e·s nécessitent un soutien lors des repas en raison de raisons physiologiques ou psychologiques liées à l'âge. Une personne ayant une mobilité réduite ou nécessitant un régime alimentaire modifié peut avoir des difficultés à prendre une nutrition adéquate, ce qui peut conduire à des comportements alimentaires désordonnés (Guerdjikova et al., 2012 ; Lapid et al., 2010). Les problèmes de santé mentale liés à l'alimentation ne sont pas toujours visibles, et parfois, d'autres aspects de la santé, comme la gestion de la douleur, peuvent passer en priorité ou être plus facilement identifiés. Étant donné que les maisons de soins de longue durée n’ont pas toujours le personnel nécessaire et doivent soutenir un grand nombre de résident·e·s, il peut être plus difficile pour les membres de l’équipe de remarquer ces changements dans les habitudes alimentaires. Cela peut entraîner un manque de soutien nécessaire pendant les repas, contribuant à des comportements alimentaires désordonnés. Il est important de suivre régulièrement l'état de la personne vivant dans une maison de soins de longue durée pour s'enquérir de tout changement significatif dans ses habitudes alimentaires et/ou son poids.
L'utilisation de laxatifs, souvent un signe avant-coureur de troubles alimentaires, peut être plus courante chez les adultes âgé·e·s, où ils sont utilisés pour gérer les problèmes digestifs causant la constipation. Si des comportements alimentaires désordonnés font partie de l'historique d'une personne, en informer les membres de l'équipe d'une maison de soins de longue durée pourrait réduire le risque de créer une dépendance aux laxatifs, en mettant l'accent sur les fibres alimentaires, le mouvement et l'hydratation régulière (Chen et al., 2014).
Au-delà du risque de troubles alimentaires, la discrimination représente une menace pour les adultes 2SLGBTQ+ âgé·e·s vivant dans des maisons de soins de longue durée. Dans leur Plan d'action national 2SLGBTQI2S, Égale note que les adultes 2SLGBTQ+ âgé·e·s font face à plus d'isolement et de solitude que les personnes cisgenres et hétérosexuelles en raison des menaces de discrimination et d'oppression. Certain·e·s adultes 2SLGBTQ+ âgé·e·s craignent que leur statut d'«out» dans une communauté de soins de longue durée affecte la qualité des soins qu'il·elle·s reçoivent. Les prestataires de services et les adultes âgé·e·s eux-mêmes partagent que leur plus grande peur est d'être « réclos·e·s dans les soins résidentiels » (Égale, 2020). De nombreux adultes âgé·e·s en soins de longue durée sont contraint·e·s de revivre les traumatismes associés à leur coming out et peuvent recevoir des soins manquant de respect et de dignité. Mettre fin à la discrimination et à l'oppression dans les maisons de soins de longue durée nécessite à la fois l'éducation des membres de l'équipe et la modification des politiques au sein de l'organisation afin que chaque personne 2SLGBTQ+ puisse vivre avec dignité et fierté en vieillissant.
Chaque personne qui souffre d'un trouble alimentaire mérite des soins compatissants, non jugeants et affirmants, provenant des options de soutien qu'elle choisit d'accéder. Cependant, certaines personnes ne vivent pas cette expérience. Comme il y a encore beaucoup de travail à faire pour mieux éduquer et former les fournisseurs de soins pour qu'il·elle·s soient sensibles aux troubles alimentaires afin d'éviter de causer du tort, les communautés 2SLGBTQ+ doivent souvent s'auto-défendre. Ce processus inclut souvent :
« Ne vous méprenez pas : je ne veux pas dire que nous devons trouver la normalité et la faire nôtre. Normal – ce centre contre lequel chacun·e d'entre nous est jugé·e et comparé· : en vérité, je veux que nous le brisions en mille morceaux. Et à sa place, célébrons nos corps différents et irrévocables, notre queeritude, nos vies en situation de handicap, racontant des histoires et créant pour nous-mêmes un sens durable de l'ordinaire et du familier. »
– Eli Clare
Les troubles alimentaires sont notoirement difficiles à résoudre. Parfois, les professionnel·le·s de la santé et les proches rejettent la responsabilité d'un défi sur une personne pendant sa guérison. Il faut s'attendre à ce que les personnes aient des difficultés dans un monde qui maintient une gamme étroite de types corporels, de présentations de genre et d'apparences comme « normales ». Lorsque la guérison est définie par des résultats liés au poids et à la normalisation des habitudes alimentaires, les personnes sont poussées à revenir à la « normalité ». Cette définition ignore que leur détresse autour des corps et de la nourriture peut provenir d'attentes rigides sur ce que signifie avoir un corps « normal » genré. Elle ignore également le fait que certaines personnes seront encore sujettes au harcèlement, à la discrimination et à la honte corporelle même après avoir « guéri ». Elle ignore les récits qui peuvent rendre la guérison difficile, comme les histoires de « naître dans le mauvais corps » qui peuvent faire paraître les comportements alimentaires désordonnés comme une réaction rationnelle pour « corriger » un corps.
Il y a de la place pour tous les sentiments compliqués et désordonnés que nous avons autour du genre, des corps et de la nourriture. La guérison ne signifie pas que vous ne ressentirez plus jamais de pression pour contrôler votre alimentation, votre poids ou votre forme, surtout parce qu'une grande partie de cette pression vient de l'extérieur. La guérison peut signifier aimer son corps, apprécier tout ce qu'il peut faire, et néanmoins souhaiter qu'il soit différent. Pour les personnes trans, la guérison peut signifier obtenir la transition souhaitée, même si certaines parties de cette transition ne correspondent pas exactement à ce que vous attendiez ou désirez. Il est normal de ne pas être prêt·e à avancer et de demander aux gens de vous rencontrer là où vous en êtes.
Quand nous lâchons prise sur la « normalité », la guérison peut signifier vivre avec et apprécier la brillance de nos corps exactement tels qu'ils sont. Une guérison qui s’oriente vers l’ordinaire et le familier nous permet d'être créatifs avec la façon dont nous promouvons l'amour de notre corps, l'acceptation et la satisfaction. Elle permet la créativité dans la façon dont nous résolvons la détresse que nous ressentons autour de la nourriture et des corps. La guérison concerne bien plus que l'absence de comportements alimentaires désordonnés. Il s'agit d'une reconnexion avec soi-même et avec les autres. Peut-être que la chose la plus importante sur la guérison est qu'elle se produit très rarement seule. Nous guérissons mieux lorsque nous nous sentons en sécurité, connecté·e·s, compris·e·s et valorisé·e·s. La famille, les ami·e·s et les partenaires qui nous aiment, nous soutiennent et nous valident sont si importants dans le cheminement vers la paix et l'amour de soi. Il existe toute une communauté sur cette route avec vous.
La réduction des risques est une approche centrée sur la réduction des effets nocifs de certains comportements, reconnaissant que s'abstenir de ces comportements ou les éliminer totalement peut ne pas être un objectif réaliste ou souhaitable, surtout à court terme. Elle accepte que les comportements, pour le meilleur ou pour le pire, font partie de l'expérience d'une personne et se produisent souvent pour des raisons complexes qui ne sont pas faciles à résoudre. La réduction des risques reconnaît qu'il existe souvent des moyens plus sûrs pour une personne de s'engager dans un certain comportement, et implique une planification sans jugement autour des comportements pour limiter le danger pour la santé d'une personne et améliorer sa qualité de vie. Des approches de réduction des risques ont été utilisées avec succès pour optimiser la sécurité des personnes vivant avec le VIH/SIDA, ainsi que des personnes qui se livrent à la consommation de drogues et au travail du sexe, tant dans des contextes communautaires que professionnels. (adapté de la National Harm Reduction Coalition)
Certains comportements associés à des troubles alimentaires auxquels vous pourriez vouloir appliquer une approche de réduction des risques incluent la restriction des calories ou de certains types d'aliments (c'est-à-dire, faire un régime, jeûne non religieux/spirituel), l'exercice excessif malgré la douleur, et l'utilisation abusive de substances comme le laxatif, les pilules diététiques, ou les suppléments améliorant la performance ou musculaires.
La façon exacte dont la réduction des risques peut être appliquée à votre vie est personnelle ; vous avez le pouvoir de choisir comment vous allez la pratiquer. Voici quelques étapes proactives qui pourraient être utiles à considérer :
Voici un exemple de la manière de fixer certains objectifs autour de la réduction des risques liés aux comportements d'exercice excessif que l'on pourrait éprouver en luttant contre des troubles alimentaires. Ces plans sont mieux créés avec une équipe de soutien (proches, soutien par les pair·e·s, soutien professionnel, etc.) pour vous aider à détecter des facteurs que vous pourriez manquer.
Objectifs de réduction des risques réalistes
Concrets et spécifiques – « Changer les habitudes de course de tous les jours à quatre fois par semaine »
Réalisables – « Ne courir qu'après avoir mangé un repas »
Facilement mesurables – « Après ma course, je vais me demander : est-ce que j'ai une douleur supérieure à 5/10? Est-ce que je me sens étourdi·e ou faible? Si oui, je sais que je dois ajuster mon rythme davantage. »
Priorisés – Les cibles immédiates se concentrent sur la minimisation des risques liés au comportement (par exemple, courir sans apport énergétique correspondant) ; les cibles à long terme se concentrent sur le confort accru de la personne (une relation différente avec le mouvement et l'alimentation)
Réalisés avec du soutien ou un plan – « Je vais parler de mes sentiments dans mon groupe de soutien la semaine prochaine » ; « Je sais qu'il y a une partie de moi qui aurait voulu faire plus d'exercice, alors je vais planifier de calmer ces émotions en écrivant dans un journal quand je rentre à la maison. » et home.”
Objectifs de réduction des risques irréalistes
Vagues – « Changer les habitudes de course »
Trop grands ou difficiles – « Arrêter de courir tous les jours »
Ambigus ou manquant de directives – « Décidez si ce plan fonctionne en fonction de ce que je ressens »
Tout ou rien est urgent – « J'ai une longue liste de choses à faire la prochaine fois que je prévois de courir, et j'essaierai de tout faire »
Fait en isolement ou sans plan pour prendre soin de soi après avoir participé au comportement – « Quand je rentre chez moi, je passerai à ma prochaine tâche »
Il peut être difficile de défendre ses droits par moments et communiquer ses besoins ne signifie pas toujours qu'ils seront respectés. C'est l'une des raisons pour lesquelles il est important d'avoir des personnes qui vous soutiennent dans votre entourage. Cela peut être différent pour chacun·e, et peut inclure le soutien de la famille, un·e ami·e de confiance, des communautés et espaces 2SLGBTQ+, ou un·e mentor·e. Rappelez-vous que beaucoup de personnes traversent des expériences similaires aux vôtres, et qu'il existe des ressources qui pourraient vous aider en ligne, ou dans certains cas, dans votre communauté locale.
Les traitements pour les troubles alimentaires peuvent être inadéquats pour de nombreuses raisons. Voici une courte liste :
Enfin, les troubles alimentaires peuvent être considérés comme un problème individuel et biologique, alors qu'en réalité, ils ont autant à voir avec l'environnement social d'une personne qu'avec son corps.
Auto-défense des droits : agir pour répondre à vos besoins est disponible sous forme de fichier téléchargeable (PDF).